Des changements pour la rentrée 2017
Plusieurs pistes d’action ne font toutefois pas consensus
Tout en refusant de préciser quels moyens concrets seront mis en place pour améliorer la réussite des élèves, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, promet des changements dès la rentrée 2017.
C’est ce qu’il a indiqué jeudi en fin d’après-midi, lors de la consultation nationale qui se déroule à Québec jusqu’à vendredi midi. L’objectif «n’est pas de faire une réforme tous azimuts et de tout recommencer», a-t-il ajouté, mais plutôt de faire des «changements importants».
M. Proulx a aussi indiqué qu’il avait bien l’intention de «prendre des décisions», ne voulant pas seulement «faire des consensus.» Jeudi, il a pu mesurer l’ampleur du fossé qui sépare certains acteurs du réseau de l’éducation sur différentes pistes de solutions proposées. En voici quelques-unes :
Tiraillements sur la maternelle à 4 ans pour tous
Un des rares points qui semblent faire consensus parmi les participants - et qui est aussi une priorité du gouvernement - est l’importance d’intervenir tôt auprès des tout-petits, dès la petite enfance. Mais là s’arrête le consensus.
Les points de vue divergent sur la manière d’intervenir. Les représentants des services de garde estiment que les garderies et les centres de la petite enfance sont les mieux adaptés aux besoins des enfants de cet âge, alors que d’autres pensent qu’il vaut mieux rendre la maternelle à 4 ans disponible à tous et non pas uniquement à des enfants de milieux défavorisés, comme c’est le cas présentement.
D’autres intervenants réclament un meilleur accès à des services éducatifs pour ces enfants, que ce soit à l’école ou en services de garde, afin de les aider à partir du bon pied.
Collision frontale sur la science en éducation
Lors de l’ouverture de la consultation, le premier ministre Philippe Couillard a affirmé qu’il était important de faire des choix «soutenus par la science» et non pas par «l’opinion du moment».
Plusieurs acteurs ont aussi plaidé pour une plus grande place accordée à la science en éducation, afin que les enseignants basent leurs interventions sur des pratiques dont l’efficacité a été démontrée par la recherche en éducation.
D’autres ont rappelé le rôle majeur joué par l’enseignant dans la réussite des élèves et l’importance d’améliorer la qualité de l’enseignement. Or cette vision s’est heurtée à celle de la Fédération autonome de l’enseignement. «Les enseignants n’en peuvent plus du discours ambiant qui repose sur l’amélioration de nos pratiques, l’augmentation de notre efficacité par l’imposition de plan de formation continue basé sur la supposée recherche probante», a lancé son président, Sylvain Mallette.
Les syndicats de profs contre un ordre professionnel
Sans surprise, les syndicats d’enseignants ont rejeté haut et fort la création d’un ordre professionnel, une des pistes d’action mises au jeu par le gouvernement Couillard.
Ils estiment que d’autres changements doivent être apportés pour améliorer la réussite des élèves, à commencer par l’ajout de services professionnels et un meilleur équilibre dans la composition de la classe.
Plusieurs intervenants ont toutefois souligné l’importance de la formation continue pour les enseignants. Prenant acte de l’opposition des syndicats d’enseignants, des représentants des directions d’école et des commissions scolaires ont affirmé qu’il y avait d’autres mesures à mettre en place pour améliorer la qualité de l’enseignement avant de penser à la création d’un ordre professionnel.
L’école obligatoire jusqu’à 18 ans
Cette proposition, aussi mise au jeu par le gouvernement Couillard, est aussi loin de faire l’unanimité. La Fédération des commissions scolaires a rappelé que l’obligatoire de fréquenter l’école jusqu’à 16 ans est déjà difficile à faire respecter et mise plutôt sur une diversification des parcours au secondaire pour répondre aux besoins des élèves.
La Fédération des travailleurs du Québec a aussi émis de sérieuses réserves concernant l’obligation d’être en apprentissage jusqu’à 18 ans. Sans l’exclure, le ministre Proulx est d’accord avec ceux qui affirment que cette mesure serait inefficace sans autre changement. «Il faut travailler différemment avec les jeunes», a-t-il lancé.